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Paroisse de Pleumeur Bodou
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L’édito de Laurent le Boulch - Une méditation intéressante pour se resituer, en vacances, sur notre attitude de chrétien face aux difficultés de notre Eglise

Vivre, de façon chrétienne, le combat de l’épreuve est une force, pour tenir bon dans la durée de l’amour et de la foi - se resituer en chrétien face aux difficultés de l’Eglise - une intéressante reflexion de Laurent le Boulch

Publié le lundi 9 août 2010 , par Corentin Penn

Cela peut paraître naïf de dire cela aujourd’hui et, pourtant je continue de penser que beaucoup de nos contemporains portent toujours en eux un rêve de fidélité. Durer dans la fidélité. Persévérer dans l’amour. Tenir bon dans ses engagements. Construire patiemment l’oeuvre de sa vie. Même si tant d’expériences de rupture paraissent contredire cela, je ne crois pas que cet idéal ait quitté nos horizons. Le désir est là.

Ce qui nous fait défaut ce serait plutôt quelque chose comme un mode d’emploi pour apprendre à durer. Plus précisément peut-être encore, ce qui souvent fait obstacle à la durée ce pourrait être notre incapacité à traverser l’épreuve quand elle survient. Or l’épreuve survient toujours. Cette expérience c’est déjà celle de la première communauté des chrétiens. La première génération des chrétiens était convaincue que le Christ Ressuscité allait revenir sans tarder. Ce n’était qu’une question de jours et de mois, d’années tout au plus. Quelques uns des plus anciens passages du nouveau testament témoignent de cela. On y annonce le retour du Christ avant même que la génération présente disparaisse.

Mais les jours et les années passent. Les chrétiens prennent conscience que le retour du Christ ne sera pas aussi proche qu’ils ne l’imaginaient. La promesse du Christ tarde à se réaliser. Il se peut même qu’il faille attendre longtemps. Très longtemps.

Cette expérience a été traumatisante pour la première communauté chrétienne. L’enthousiasme de leur foi est mis à mal. La vie semble contredire leur espérance. On espérait tout, tout de suite, et l’on s’aperçoit qu’il faudra encore apprendre à désirer. Désirer encore sans forcément recevoir. La joyeuse impatience doit faire place à une profonde et longue attente. Ce passage à la durée oblige à une vraie conversion.

Les écrits de Paul et des évangélistes portent la marque de cette grande épreuve. Il est fait allusion à tous ceux et celles qui, découragés, quittent alors l’Eglise. Les serviteurs fatigués, les convertis qui retombent dans leurs vieilles ornières... Face à ces démissions, il y a urgence à redonner sens à l’attente et à l’espérance de la foi. Exhorter les croyants à tenir bon dans la foi en la promesse car Dieu tient toujours promesse !

« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. » Proclame Jésus dans notre Evangile. « S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils » ! Jésus promet sa joie à tous les serviteurs de l’Evangile qui auront su tenir bon, jusqu’au bout, dans la foi, l’espérance et la charité.

Cette question de la durée dans la foi dans un contexte d’épreuve est aussi celle de notre Eglise aujourd’hui. Depuis quelques années, l’ensemble des évêques en France travaillent cette question.

Il faut bien reconnaître que l’Eglise dans notre pays connaît un temps d’épreuve de la foi. Bien des indicateurs témoignent d’une érosion du catholicisme : baisse du nombre des pratiquants, chute des vocations, perte d’influence de l’Eglise dans la société, sentiment d’une indifférence religieuse prégnante et insaisissable, privatisation de la foi...

Face à cela, des tentations menacent. Dans notre situation actuelle, le risque est là de céder à la résignation : l’effacement de l’Eglise serait inexorable et il nous resterait seulement à chercher à en atténuer l’impact. Ou bien, au contraire, face à l’érosion de la foi dans une société moderne perçue comme obstacle, on rêve de faire retour au passé comme si celui-ci avait en lui davantage de ressources pour traverser la crise. La tentation est grande encore quelques fois de se renvoyer la balle entre différentes sensibilités dans l’Eglise et d’accuser les uns ou les autres de conduire la foi à sa perdition.

Mais c’est une toute autre attitude qui nous est proposé. Une attitude plus courageuse, plus évangélique surtout. Plutôt que de refuser l’épreuve, de la fuir ou de lui faire résistance, nous situer dans l’épreuve même à cause de la foi. Puiser dans le trésor de la foi la capacité de traverser l’épreuve. Car, après tout, la foi chrétienne est née elle même d’une crise terrible et pourtant traversée, celle de la mort et de la résurrection de Jésus. C’est au coeur de la plus extrême faiblesse, celle du crucifié, que Dieu a dévoilé sa puissance de vie. Le passage sans cesse de la mort à la vie fait partie du code génétique de la foi.

Nous voilà donc appelés à comprendre l’épreuve non comme un obstacle à la foi ou à la vie mais comme la source d’un approfondissement, d’une maturation et d’une conversion de la foi et de la vie grâce à la confiance de l’Esprit. Une mort au vieil homme pour entrer toujours plus dans le dépouillement de l’homme nouveau.

Cela nous invite à faire preuve de lucidité et de réalisme. Reconnaître et prendre au sérieux les difficultés qui se posent aux croyants d’aujourd’hui dans un monde qui ne l’est plus. Mais nous sommes aussi appelés à faire preuve d’espérance en reconnaissant ce que paradoxalement cette épreuve peut générer de nouveauté dans la vie des croyants aujourd’hui,

Il nous faut apprendre à poser ce regard sur notre temps et notre Eglise et nous émerveiller de ce que, à cause de cette épreuve même, la foi donne de vivre aujourd’hui de renouveau de vie. Nous réjouir alors quand les difficultés présentes conduisent les chrétiens à oser vivre une foi plus humble et plus profonde, davantage nourrie de la Parole de Dieu, plus engagée dans la prière, plus ouverte aux sensibilités, plus solidaire dans les responsabilités de tous et cherchant à dialoguer avec l’homme d’aujourd’hui.

Cette manière profondément chrétienne de vivre le combat de l’épreuve est une force pour tenir bon dans la durée de l’amour et de la foi. Elle est un trésor pour nous avancer dans nos vies.

C’est peut-être aussi cela que la liturgie de ce jour nous donne de contempler avec l’auteur de l’épitre aux hébreux dans les magnifiques figures d’Abraham et de Sarah.

Abraham et Sarah n’ont pas cessé de se faire « étrangers et voyageurs ». C’est dire qu’ils ont cheminé sans cesse, portés bien sûr par les moments heureux mais traversant aussi les moments les plus difficiles de la vie, parce qu’habités toujours par la foi. « La foi qui n’est pas savoir » comme si tout leur était connu d’avance, mais confiance en la promesse, force qui entraîne à croire en l’avenir, qui porte en avant, qui donne le courage de vivre des passages, apprenant à quitter ce qui est appelé à mourir pour entrer dans un renouveau de l’amour.

Il m’arrive parfois, et c’est toujours un magnifique cadeau, de rencontrer des croyants de la lignée d’Abraham. Des personnes toutes simples, qui, parvenues au faîte de leur vie, témoignent de ce que la foi leur à donner de vivre, surmontant les épreuves, creusant en elles le désir de Dieu, les ouvrant à des relations plus fraternelles, les engageant dans l’espérance du paradis.

J’admire alors le long et patient travail de la fidélité de la foi en elles, l’oeuvre de l’Esprit. Comment alors ne viendrait-il pas sur mes lèvres la belle parole de Jésus en ce jour : « Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! »

Amen.

Laurent le Boulch

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