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[D] 
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(280)Il me mène vers des eaux tranquilles.
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Le YING et LE YANG des vocations - L’édito de Laurent le Boulch

Publié le lundi 2 juin 2008 , par Corentin Penn

Le ying et le yang des vocations

Le ying et le yang sont des éléments fondamentaux de la sagesse chinoise qui fascine tellement l’occident aujourd’hui. Le ying c’est la face cachée des Choses. Le yang, sa face visible.

Pour un européen le printemps commence le 21 mars. Il correspond à l’apparition des nouvelles feuilles et des fleurs. Nous reconnaissons le printemps à sa face visible, son côté yang. Or, pour un chinois, le printemps a aussi sa face cachée quand la sève se met secrètement à monter dans l’arbre un certain jour. Le printemps commence dans le ying.

Occidentaux, nous sommes prisonniers du yang. Nous appréhendons le plus souvent les choses par leur face visible, ce qui est tangible, efficace. Nous Exigeons les choses à leur résultat, l’arbre à ses fruits. Et nous oublions trop souvent leur face cachée.

Il en est peut être ainsi des vocations dans notre Église.

Nous sommes impressionnés par ce qui est visible, la face Yang des vocations. Ce qui nous apparaît c’est la « crise des vocations », le manque de plus en plus ressenti de prêtres ou de religieuses. On se dit qu’on en est à gérer la pénurie comme on peut. On se demande même si la source ne se serait pas tarie pour longtemps.

Nous nous inquiétons pour l’avenir de l’Église. Demain, quand les prêtres et les religieuses seront encore moins nombreux qu’aujourd’hui, que vont devenir nos communautés chrétiennes ? Comment vont elles faire pour se ressourcer dans la Parole et les sacrements ? Pourront elles encore témoigner de l’Évangile ? Il y a, c’est vrai, de plus en plus de laïcs baptisés qui s’investissent dans la vie de l’Église, et c’est tant mieux. De nouvelles formes de prise en charge se mettent en place, une nouvelle vie d’Église avec des prêtres autrement présents et d’autres ministères plus actifs, mais cela a ses limites. Sans la présence de prêtres et de religieux dans l’Église et dans la société, quelque chose de l’ordre d’un signe parait absent. Le signe d’un Absolu. Un signe de Dieu.

Je pourrais énumérer longuement les causes de cette crise. Elles tiennent à toutes sortes de raisons. Certaines sont avant tout d’ordre psychosociologique et débordent l’Église, d’autres sont liées aux difficultés du ministère aujourd’hui. Mais je voudrais en évoquer une autre. Revenir sur le ying et le yang.

Polarisés par le côté yang des vocations, la face visible, nous oublions peut être son côté ying, la face cachée. Autrement dit, nous ne savons plus voir la face secrète des vocations. Nous ne savons plus reconnaître tout ce que l’appel de Dieu fait naître aujourd’hui au coeur des hommes.

Or, j’en suis convaincu, il est faux de penser que Dieu aurait cessé d’appeler des hommes et des femmes à le servir d’une manière plus radicale. J’ose croire, et j’en reçois parfois la confidence, qu’aujourd’hui des enfants et des jeunes entendent au fond d’eux même cet appel à servir l’Église dans une vocation de religieux, religieuse, prêtre ou missionnaire. Dans notre communauté paroissiale, je ne doute pas que certains et certaines se posent au fond d’eux-mêmes la vibrante question du don de leur vie à cause de l’amour de Dieu. La sève du printemps un jour est montée secrètement dans l’arbre.

Mais peut-être qu’à force de ne voir que ce qui apparaît et qui nous inquiète, nous ne voyons plus ce qui est caché et qui devrait nous donner de l’élan.

Il nous faut retrouver confiance dans la capacité de Dieu à appeler aujourd’hui des hommes et des femmes dans le secret de leur vie. Croire en la face ying de l’appel. Sans cet acte de foi, rien ne sera possible.

Mais cela ne suffit pas encore. Croire en la face ying, la face secrète des vocations, est nécessaire. Mais il reste un passage à faire. Ce qui fait problème dans notre Église au sujet des vocations pourrait bien être cela : le passage du ying au yang. Ce qui fait difficulté ce pourrait être ce moment subtil où le ying passe au yang, quand ce qui était resté caché vient au jour, en pleine lumière.

Trop souvent, je crois, l’appel reste comme enfermé dans sa face cachée. Il ne parvient pas à s’extérioriser. La sève qui monte ne réussit pas à faire jaillir de l’arbre les nouvelles pousses et les fleurs. L’arbre se stérilise. Le ying a perdu son yang.

Or, il n’est pas si facile de passer de l’appel que l’on entend au fond de soi à l’appel que l’on reconnaît avec d’autres. Cela nécessite qu’on puisse en parler avec d’autres, entendre un appel de la part des autres, dans une communauté. Et c’est ici que le bât blesse car, aujourd’hui, nous avons trop peur de parler de l’appel, nous sommes encombrés de trop de clichés, de blocages et de craintes.

Nous devons ensemble nous interroger sur ce qui va permettre à l’appel intérieur d’être discerné, reconnu, encouragé par l’Église. Cela tient à notre manière à tous de reconnaître positivement l’appel, à notre façon d’en parler sans tabou ni crainte. Nous avons besoin d’imaginer des lieux de parole en famille, en mouvements, en église où la face du ying puisse sortir au grand jour.

Ce mois de juin, notre Église diocésaine a la chance d’ordonner un nouveau prêtre. Michael a eu la chance de connaître le Ying et le Yang d’une vocation de prêtre. Son appel intérieur a pu s’amplifier grâce à la reconnaissance de chrétiens qui l’ont interrogé et soutenu. Toute notre paroisse sera avec lui le 29 juin prochain pour nous réjouir avec lui.

Nous partageons aussi la joie de Guillaume Caous, originaire de Ploubazlanec, qui sera ordonné diacre en vue de la prêtrise au cours de la même célébration.

P. Laurent Le Boulc’h

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