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Paroisse de Pleumeur Bodou
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(472)Ce n est pas toi qui portes la racine, mais c est la racine qui te porte
[D] 
(560)Jésus s approcha, et fit route avec eux. 

Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
[D] 
(277)Nul n est trop loin pour Dieu.
[D] 
(2580)Les cieux proclament la gloire de Dieu,

le firmament raconte l ouvrage de ses mains.

Le jour au jour en livre le récit

et la nuit à la nuit en donne connaissance. 

Psaume 19.
[D] 

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Du « bouc émissaire » au « juif errant » : figures européennes de la malédiction - Matinée « parlons-en » du 16 août

Publié le mercredi 21 septembre 2011 , par Robert Gautheret

Du « bouc émissaire » au « juif errant » : figures européennes de la malédiction - Matinée « parlons-en » du 16 août, par N. Lefort.

Le sujet s’est trouvé d’emblée dans l ’actualité quand , en août 2010, le gouvernement français a décidé de reconduire à la frontière 1000 Roms installés à Paris, dans les pires conditions de vie. L’épiscopat rappelle (homélie de Mgr Vingt-Trois du 15 août 2010 au Puy-en-Velay) qu’on ne fonde pas une communauté d’hommes sur l’instinct de sécurité et de peur. L’Exclusion et l’Errance se sont donc présentés comme sujets conjoints dans leur cruelle actualité.

Le bouc émissaire

L’anthropologie montre partout (travaux de René Girard) qu’on ne fonde une société (la Rome antique, par exemple) qu ’en excluant d’abord, puisque la rivalité, et donc la violence sont aux origines. Les grecs du Vème siècle av. J.C. désignaient en temps de peste, de guerre, de cataclysme, un « pharmacos » (homme ou femme), choisi parmi la lie de la population (le « rebut de la monnaie » dit Aristophane) pour être conduit aux limites de la cité : il y était lapidé et ses cendres dispersées. Mais les grecs qui craignaient aussi de placer au sommet de la démocratie naissante les originaux, les excentriques, désignaient comme « tynannos » les politiques qui par ambition étaient censés s’égaler aux dieux : ils les bannissaient (pratique de l’ostracisme).
Le Lévitique (16, 1-20) enjoint au grand prêtre de faire conduire à l’extérieur de la cité un bouc (bête répugnante) qui, portant les péchés de tous, sera mis à mort, libérant les « craignant-Dieu » de leurs fautes et difformités morales. On observe qu’avec le Lévitique, ce n’est plus un homme qu’on met à mort mais un animal (en hébreu « voué à Azazel », démon du désert). René Girard qui a montré toute la force subversive du Christianisme présente le Christ comme l’agneau pascal, n’abolissant pas la violence mais lui conférant un sens et une grandeur mystérieuse : tous les sacrifiés désormais rejoignent le Christ en croix.

Le juif errant

Georges Moustaki chante agréablement dans les années 60 :
Avec ma gueule de métèque, de juif errant de pâtre grec, et mes cheveux aux quatre vents.

Cependant, cette affaire du Juif Errant ne relève pas de la chansonnette : elle est au germe d’immenses désastres et de beaucoup de sang. En Europe, au XIIIème siècle naît une étrange légende : le portier du tribunal de Pilate, Cartaphilus, aurait frappé le Christ dans le dos en lui enjoignant de marcher plus vite. Le Christ, se retournant rétorque : « oui, j’avance, mais toi, tu marcheras jusqu’à ce que je revienne ! ». Commence alors pour cet homme une longue marche à travers le temps, le monde, et l’Histoire. Fascinant mythe que Jean d’Ormesson (par exemple) traite avec brio. Témoin de la passion du Christ, le marcheur maudit est vu partout en Europe : tantôt redouté tantôt pitoyable, il génère toute une iconographie, y compris populaire, puisque les colporteurs pénétrant les campagnes proposent son effigie, avec celles de Mandrin, Cartouche et quelques autres. Arrive le XIXème siècle et son affreux antisémitisme : même les chrétiens s’y mettent puisque le juif appartient, paraît-il, au peuple déicide ! Énigmatique figure, haute en couleurs (si bien rendues par l’imagerie d’Épinal), pour laquelle, il est proposé en conclusion une explication : et si l’errance était inscrite dans le destin chrétien, sous la forme de la quête. L’homme du moyen-âge disait du chrétien qu’il était un « homo viator » : c’est à dire un homme pérégrinant.

N. L.

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