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AIMEZ VOS ENNEMIS !

Publié le dimanche 29 janvier 2017, mis a jour le samedi 4 mars 2017

AIMEZ VOS ENNEMIS !

Bernard Paillot

{{}}C’est le commandement le plus rude que nous donne Jésus. On le trouve dans l’évangile de Mathieu (5, 43 et s.) lorsqu’après avoir proclamé les « béatitudes », Jésus reprend les commandements bien connus des juifs. Il averti la foule : « n’allez pas croire que je suis venu abolir la Loi » et il ajoute : « Je ne suis pas venu abolir mais accomplir ».

Ainsi, il renouvelle le commandement « tu aimeras ton prochain » en ordonnant : « Aimez vos ennemis ! » et d’ajouter :« si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens n’en font-ils pas autant ? »

C’est ici le sommet de l’Évangile : l’exigence d’aimer non seulement son prochain mais aussi ses ennemis. N’esquivons pas la difficulté mais examinons ces deux mots « Aimer vos ennemis »

- aimer. Là où le français n’a qu’un verbe, le grec en a trois et distingue εροσ, Φιλεω qui exprime l’amitié et αγαπαω : la charité. Mathieu utilise ici αγαπαω :

La charité est l’amour qui anime ceux qui se reconnaissent frères et sœurs en Jésus-Christ. C’est elle qui nous rend sensibles à nos voisins : malades, chômeurs ou endeuillés et aussi à nos lointains prochains:victimes de catastrophes naturelles ou d’épidémies, chrétiens d’Orient persécutés et bien d’autres encore. Et, comme nous ne pouvons pas prendre soin directement de chacun, nous donnons aux organismes caritatifs, et c’est très bien.

Mais...les païens ( = les incroyants) eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?

Alors nous pouvons être tentés par la surenchère ou l’activisme. Là encore, des incroyants en font autant.

Demandons nous ce qui les motive tout autant que nous. Ne serait-ce pas, en particulier dans les pays occidentaux, un effet de nos racines chrétiennes ? Certains les (re)nient et nombre de personnes engagées dans des actions de solidarité n’éprouvent aucune nécessité d’une référence religieuse. Nous pouvons y voir l’action de Dieu qui « a mis sa loi au fond de tout être et l’a inscrite sur leur cœur » comme dit le prophète Jérémie. Cette loi, ou cette conscience morale comme dira Kant, nous -chrétiens ou non- fonde la dignité de tous et notre fraternité universelle.

Rendons grâce à Dieu qui nous donne une loi et une foi qui agit par le respect et la fraternité dans un monde pluri-religieux et plus encore a-religieux. Et réjouissons nous si, avec les incroyants nous préparons l’avènement du Royaume ( prudence ! Il ne faut peut-être par le leur dire car ils se rebelleraient) .

- à propos des ennemis, je voudrais évoquer deux situations :

* D’abord nous sommes tentés de dire : « des ennemis, je n’en ai pas ».

Nous pouvons bien admettre que nous n’avons pas beaucoup d’affinité pour tel ou tel ; qu’avec certains nous sommes en âpre concurrence professionnelle ou adversaires en politique mais nous ne les désignons pas comme « ennemis ». Heureusement, car même si nos sentiments ne nous aident pas à le percevoir, ils sont – nous le croyons- nos frères en humanité ce qui implique respect et interdit certaines pratiques. La fin ne justifie pas les moyens, en aucune circonstance. Au contraire, cette fraternité justifie les actes de charité que nous devons à tous, même à nos ennemis : soigner avec la même attention les patients quelle que soit leur origine sociale, leur religion ou nationalité, y compris en temps de guerre, aider l’immigré dans ses démarches administratives, lui apprendre notre langue etc…sont des façons concrètes d’aimer notre prochain…y compris celui qui ne nous inspirent aucune sympathie.

* On peut penser aussi à l’actualité. Le chômage, l’immigration, des attentats ici et ailleurs, une guerre éparpillée dans le monde, peuvent susciter la peur de l’autre. « L’autre », c’est celui qui est différent : pas du même pays ou de la même région, qui n’a pas nos coutumes et notre culture, notre religion, notre couleur de peau, notre langue.

Si nous laissons les différences engendrer la crainte, la méfiance et la peur, alors nous nous finirons par voir « l’autre » comme un ennemi. A l’inverse, et malgré nos langues parfois étrangères, si nous cherchons à entrer en relation, par un sourire, en aidant selon nos moyens, nous pourrons découvrir la valeur de la différence.

Alors, face à l’autre, dans quelle direction allons nous tourner nos yeux et nos pas ? Allons nous faire de celui qui est différent un ennemi ou découvrir un ami ?

Pour conclure, nous pouvons revenir sur la fin de ce passage d’évangile. Jésus termine en disant : « soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » Au premier abord, il nous semble que Jésus « enfonce le clou » ! Nous y voyons la confirmation d’un objectif impossible. Pourtant, nous pouvons être largement réconfortés de savoir que la perfection de Dieu le Père est telle qu’il aime tous les humains, même ceux qui se détournent délibérément de lui, se posant en adversaires, en « ennemis ». Du reste « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » Sa miséricorde s’étend même aux méchants, aux injustes.C’est aussi là le sommet de la révélation de l’amour de Dieu.

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